Le CIDDHOPE (Cercle International pour la Défense des Droits de l’Homme, la Paix et l’Environnement), appelle urgemment l’Auditeur Militaire Supérieur près la Cour Militaire Opérationnelle du Nord-Kivu à Goma, à ouvrir les enquêtes sur le viol sur mineur et tentative de meurtre à charge du Monsieur Innocent Mburanumwe Nzabonimpa, Directeur Chef de site Adjoint et Chef de Station PNVi-Sud.
Dans un communiqué publié à ce sujet, et dont copie est parvenue à Environews RDC, cette organisation de la société civile relate des faits qui met en cause le directeur chef de site adjoint et se réjouit de la décision de suspension de l’incriminé prise par les autorités de l’ICCN (Institut Congolais pour la Conservation de la Nature).
« En date du 23 Mai 2019, aux environs de 19 heures et demie, alors que Mademoiselle Denise Serubungo sortait pour chercher des médicaments naturels pour son enfant malade non loin de l’Eglise catholique de Rumangabo à environs 20 mètres du portail d’entrée du camp des éco-gardes dans la même entité – elle aurait été saluée par un écogarde du nom de Bienfait Karokayo qui voulait rejoindre son poste de garde dans le même camp. Monsieur Innocent Mburanumwe Nzabonimpa est sorti du camp et a tiré à bout portant sur mademoiselle Denise Serubungo de deux balles qui l’ont blessée à sa jambe droite. La pauvre avait été abandonnée dépêchée à un poste de santé de Rumangabo par les personnes éprises de générosité », indique cette communication.
Outre cette tentative de meurtre perpétré par le présumé, l’Ong note également l’existence d’un différend existant entre cette demoiselle et le directeur chef de site adjoint. « Mademoiselle Denise Serubungo aurait eu un enfant avec Innocent Mburanumwe en 2014 alors qu’elle n’avait que 15 ans », des faits que l’incriminé nie, peut-on lire dans ce communiqué.
Selon les informations détenues par cette ONG, depuis cet incident, la famille de la victime connait des menaces, et contrainte à des négociations par Monsieur Mburanumwe Nzabonimpa et certaines autorités administratives, agents de sécurité et acteurs judiciaires.
Le CIDDHOPE invite les autorités compétentes à se saisir urgemment de ce dossier afin que justice soit faite.
Quand les viols et les exactions excellent à l’ICCN ?
L’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature est l’institution étatique qui a en charge la gestion des aires protégées de la RDC. Pour mener à bien sa mission, l’ICCN dispose des hommes en armes (écogardes), dont la mission et de veiller à la protection de la biodiversité dans ces aires protégées.
Depuis quelques années, ces écogardes font l’objet des scandales décriés par plusieurs activistes de droit de l’homme. Pas plus tard qu’au mois de mars de cette année, une enquête publiée par un média étranger a mis en cause l’ICCN dont les agents ont violé, tué, exécuté, arrêté arbitrairement et infligé des tortures aux membres des communautés vivant au tour du Parc national de la Salonga.
Selon une enquête conjointe menée par les autorités de l’ICCN, la société civile locale, et les partenaires de la conservation, au moins six cas emblématiques évoqués dans cette publication de BuzzFeed News se sont avérés vrai.
« Les mesures de conservation sont devenues de plus en plus militarisées ces dernières années. Les initiatives anti-braconnage sont gérées par l’autorité congolaise chargée des aires protégées (Institut congolais pour la conservation de la nature – ICCN), parfois en collaboration avec l’armée congolaise, qui vient s’ajouter aux quelque 300 écogardes employés dans le parc national de la Salonga », avait indiqué cette enquête. « Les femmes qui s’aventurent dans le parc sont souvent violées et les hommes sont victimes d’extorsion et de torture », rajoute un villageois vivant aux abords du parc à l’équipe d’enquête.
En 2017, un jeune autochtone pygmée a été tué dans le Parc national de Kahuzi-Biega. À 16 ans, ce mineur a été abattu à bout portant par une garde de Parc lors d’une patrouille de routine.
A Tumba Ledima, plusieurs cas d’illégalités ont été observés dans le chef des écogardes de l’ICCN. Ces faits qui remontent de 2016 indiquent un climat de méfiance qui existe entre cette institution de l’Etat et les communautés locales qui se sentent frustrées et interdites d’accès à leurs ressources forestières.
Au niveau de la réserve naturelle du triangle de la Ngiri, les communautés locales et peuples autochtones se plaignent également de la barbarie avec laquelle agissent les éléments incontrôlés de l’ICCN commis à la garde de cette nouvelle aire protégée.
Une situation qui inquiète les défenseurs des droits des communautés locales et peuples autochtones, qui voient venir des conflits dont les conséquences pourraient être catastrophiques, d’autant plus qu’il faut agir maintenant pour limiter ce dégât.
Alfred NTUMBA