Dans un décret présidentiel rendu publique dans la soirée du 21 mai, le président gabonais Ali Bongo Ondimba a Limogé son vice-président, Pierre Claver Maganga Moussavou, ainsi que le ministre des Forêts et de l’Environnement, Guy Bertrand Mapangou. Une décision qui survient après l’ouverture d’une enquête dénonçant la disparition de 353 containers chargés de “kévazingo”, un bois rare et précieux.
Les appels à la démission de M. Mapangou s’étaient multipliés ces derniers jours dans la presse et par la société civile gabonaise.
Le kévazingo , est un bois rare d’Afrique centrale, considéré comme sacré par certaines communautés locales et très apprécié en Asie, notamment pour la réalisation de parquets, escaliers, meubles de luxe ou portails de temples.
Depuis le déclenchement de ce gros scandale par la presse gabonaise, cet ancien ministre des Forêts était dans le viseur, car le document signé par lui-même autorisant le transport de ce fameux bois a été divulgué et relayé dans toute la presse nationale, jeudi dernier. Plusieurs de ses collaborateurs de haut rang ont aussi été suspendus.
Concernant le désormais ancien vice-président de la République gabonaise, Pierre Claver Maganga, son nom a aussi été cité dans cette affaire qui est sur toutes les langues au Gabon.
Fin février et début mars au Gabon, près de 5.000 mètres cube de cette essence rare très prisée en Asie, d’une valeur d’environ 7 millions d’euros, avaient été découverts dans deux sites d’entreposage appartenant à des sociétés chinoises, au port d’Owendo à Libreville.
En mars, le rapport d’une ONG britannique avait dénoncé les pratiques illégales d’un groupe chinois à l’origine d’un vaste trafic d’exploitation de bois d’oeuvre au Gabon et au Congo, accusant notamment plusieurs personnalités politiques et agents de l’administration d’y être impliqués.
Le décret présidentiel décrit que le 30 avril, 353 conteneurs placés sous l’autorité de la justice s’étaient mystérieusement volatilisés. Ensuite sur le trois cent cinquante-trois conteneurs, deux cents ont par la suite été retrouvés dans les entrepôts de deux entreprises différentes, toujours au port d’Owendo.
Pour échapper au contrôle légal, une partie de ces bois était chargée dans des conteneurs sur lesquels figurait le tampon du ministère des Eaux et Forêts indiquant une cargaison d’okoumé, faisant passer pour une essence de bois dont l’exploitation est autorisée.
Après la découverte de ces documents falsifiés sous l’implication du responsable de ce ministère au port et ses complices, la justice gabonaise a procédé à l’arrestation de deux ressortissants chinois, accusés d’avoir participé au trafic, avec la complicité de fonctionnaires gabonais.
Représentant 60% du PIB (hors hydrocarbures), le secteur forestier au Gabon est l’un des piliers historiques de son économie. Le pays est couvert à près de 80% des forêts.
Albert MUANDA