C’est une expérience inédite que les scientifiques du projet FORETS (Formation, Recherche, et Environnement dans la Tshopo) mènent depuis 1 an et demie à Kisangani chef-lieu de la province de la Tshopo. Ils sont motivés par le souci de trouver une solution durable à la disparition de cette espèce qui manifeste de sérieux problèmes de régénération. Ces experts forestiers voient en la disparition de l’Afrormosia (Pericopsis elata), une perte économique énorme pour la République démocratique du Congo dont le secteur de l’exploitation du bois d’œuvre repose notamment sur cette espèce très prisée dans l’industrie, à cause de la très haute qualité de son bois.
« La surexploitation de ce bois a fait qu’il puisse se retrouver dans l’annexe 2 de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), mais aussi considérée comme espèce en danger par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). On a aussi compris que cette espèce à de problème de régénération. Vu qu’on a toujours besoin de son bois, nous avons décidé de faire sa régénération naturelle assistée », a indiqué Hulda Riziki, ingénieure forestière.
Dans une plantation expérimentale de 0,6075 ha (135 x 45 m), située à environ 8 kilomètres de la ville de Kisangani, Hulda Riziki et son équipe observent délicatement la croissance et le comportement de l’Afrormosia. Les résultats préliminaires de ces observations semblent prometteuses, car dit-elle, l’espèce a la capacité de croître en milieu naturel, contrairement à certaines études menées par d’autres scientifiques.[irp posts=”7559″ name=”Forêt : En RDC, l’exploitation du bois d’Afrormosia prend des allures inquiétantes”]
« Les publications anciennes démontrent que l’Afrormosia a du mal à croître en dehors de la forêt. Nous nous rendons compte que l’espèce peut très bien croître dans un milieu non perturbé, notamment dans les plantations », a-t-elle précisé. « Depuis le 12 décembre 2017 qu’on avait prélevé les mesures, aujourd’hui, après mesurage, on a remarqué un taux de croissement de 151 cm par an, et un diamètre de 21,1 mm. Ce qui est spectaculaire ».
Cette plantation expérimentale installée suivant la méthode de Nelder permet de tester plusieurs écartements (compétition) des plants sur des surfaces réduites. En termes simples, cette méthode consiste à placer les arbres suivant des cercles concentriques dont le rayon forme une progression géométrique de raison alpha.
A en croire la jeune chercheuse, le but de cette expérimentation est de trouver l’écartement optimal et disposer d’autant d’informations devant constituer la base des données de cet arbre et en faire une vulgarisation. « Avec Afrormosia , il y’a beaucoup des points d’interrogation. On ne connait pas par exemple sa sylviculture, non plus son écartement. On doit donc faire des études écologiques pour avoir suffisamment des données qui seront vulgarisées auprès des industrielles, et les pousser à faire des plantations de cette espèces », a révélé la chercheuse
Hulda Riziki travaille sur ce projet avec l’encadrement du Docteur Nils Bourland, collaborateur scientifique au Musée Royal de l’Afrique Central et le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR). Il est spécialiste dans la biologie du bois, l’écologie et l’exploitation du bois, l’aménagement forestier, l’écologie et l’exploitation forestière.
Notons par ailleurs que cette étude est menée dans le cadre du projet FORETS, financé par l’Union européenne.
Alfred NTUMBA