(Réflexion de Félix Lilakako, Expert en droit de l’Environnement)
Pris comme l’ensemble des actions publiques visant la planification, l’organisation, la gestion et le contrôle des espaces pour un développement intégral des régions, l’aménagement du territoire appelle à la prise en compte de différents secteurs. Depuis quelques années, la République démocratique du Congo s’est résolument engagée dans la mise en place de reformes structurelles notamment dans le secteur des forêts, des mines, des hydrocarbures et de l’agriculture. Cependant, plusieurs difficultés liées à la gouvernance de ces réformes ont été remarquées dans plusieurs secteurs. De la superposition des titres à l’occupation des terrains, tout porte à croire que l’aménagement du territoire congolais présente des défis majeurs qui nécessitent que l’on s’y penche avec acuité.
Défi 01
- Doter le pays d’une vision claire
L’Aménagement du territoire se présente aujourd’hui comme un levier susceptible d’aider à résoudre efficacement les difficultés que connait la RDC dans la gestion de ses espaces, de son environnement, et de ses ressources naturelles.
» En RDC, l’aménagement du territoire est un secteur qui n’a pas été très pris en compte par les politiques publiques du pays. Depuis son accession à l’indépendance jusqu’à peine trois ans, le pays n’avait, sur le plan institutionnel, un ministère spécifique chargé de l’aménagement du territoire. Ceci a eu pour conséquence la difficulté d’organiser les espaces ».
La réforme de ce secteur a été lancée en 2015. Il y’a nécessité pour le nouveau régime de réaliser un état des lieux pour se faire une idée de ce qui a été fait et ce qui reste à faire. L’Etat doit rendre disponibles, les outils spécifiques d’aménagement du territoire. Notamment, la politique de l’Aménagement du territoire, une politique qui définit la vision de l’Etat, d’office la vision du chef de l’Etat en matière de gestion du territoire.
Cette vision doit présenter les grandes lignes de Felix Tshisekedi sur la gestion des ressources naturelles, la gestion de l’environnement, pourquoi pas aussi la décentralisation (répartition de compétences entre le niveau central et les provinces, avec les Entités Territoriales décentralisées).
« Ne pas lancer des reformes pour les laisser à charge des partenaires techniques et financiers »
- La loi sur l’aménagement du territoire
Le nouveau régime en place devra doter le secteur d’une loi-cadre sur l’aménagement du territoire devant servir de guide d’orientations aux différentes lois sectorielles (Mine, hydrocarbures, forêts…).
- Le Schéma national d’aménagement du territoire
Il est aujourd’hui indispensable que l’Etat congolais se dote d’un schéma national d’aménagement du territoire, lequel servira de base pour la prise des décisions qui touchent directement ou indirectement au secteur et définir de manière spatiale, les priorités de l’Etat.
L’aménagement du territoire ne doit pas seulement tenir compte de la gestion des ressources naturelles, mais, il peut être utilisé comme la politique de l’Etat en matière de développement économique. « Les tracées de route, les domaines agricoles, par exemple, ne peuvent être bien assises que sur un plan d’aménagement du territoire préalablement conçu ».
Défi 02
- Cadre institutionnel
« Nous avons un ministère d’Aménagement du Territoire qui est jeune. Il faut travailler sur le renforcement des capacités de tous les agents et cadres de ce ministre ».
L’Etat devra s’assurer que le budget alloué à ce ministère prenne réellement en compte tous les aspects pour permettre à ce ministère de jouer son rôle. Acela s’ajoute également la coordination des autres ministères ayant les ressources naturelles dans leurs attributions.
« Aujourd’hui si l’on veut demander au ministère d’Aménagement du Territoire de jouer le rôle de coordination, il faudrait en contrepartie lui donner un certain positionnement dans l’équipe gouvernementale. Dans plusieurs Etats, le ministère d’Aménagement du Territoire a rang d’un Ministère d’Etat, d’une Vice –primature ou d’un Ministère rattaché directement à la Présidence de la République pour assurer que les différentes décisions qui seront prises ne portent pas atteinte à l’affectation des ressources et des espaces ».
Défi 03
- La décentralisation
La RDC a aujourd’hui lancé une décentralisation très poussée tendant à donner plus des pouvoirs aux entités territoriales décentralisées. Cet élément devra être pris en considération lors de l’élaboration des schémas d’aménagement provinciaux de telle sorte que les provinces et les ETD définissent leurs priorités de développement, et par l’approche bottom up (prendre le développement par la base), les initiatives au niveau local en ce qui concerne notamment le CLIP, la REDD+, la Foresterie communautaire etc. puisent être remontées au niveau national rien que pour leur ratification.
Défi 04
- La sensibilisation
La sensibilisation de la population sur les questions de l’aménagement du territoire est l’un de plus grands défi auquel le nouveau chef de l’Etat devra faire face. A ce jour, parler de ces questions intéresse moins de congolais. « Quand on voit aménagement du territoire, on a vite tendance à penser aux cartes. Et ça doit changer dans la tête du congolais qui doit savoir que l’aménagement du territoire peut être pris comme les actions que l’Etat mène pour le développement des entités et pour l’organisation des espaces ».
Ces actions traduisent l’engagement de l’Etat dans la planification sur le plan économique, environnemental et social. Car pris à sa juste valeur, l’aménagement du territoire peut être utilisé comme un levier du développement durable.
Parce que l’Etat ne doit pas faire seul ce travail, il est important que les organisations de la société civile, les partenaires techniques et financiers apportent leur soutien dans la mise en œuvre des actions capables d’assoir les reformes déjà engagées en République démocratique du Congo.
Alfred NTUMBA
Un commentaire sur “RDC : Les grands défis environnementaux qui attendent Félix Tshisekedi, « l’Aménagement du Territoire »”
Nous, Environnementalistes et médecin de la Nature ainsi que scietifiques voulons que notre nouveau président de la république son excellence monsieur Félix Antoine Tshilombo tshisekedi fasse de la question une de ses priorités tout au long de son mandat.
Sans beaucoup plus s’attarder sur ce que représente la RDC en terme de capital Environnemental (deuxième poumon du monde de par sa forêt qui joue un rôle primordial dans la séquestration des gaz à éffet de serre ; scandale hydrique par la présence de nombreux cours d’eau, scandale géologique par les ressources minières de son sous-sol, des ressources naturelles aussi énormes que variées ; une faune et une flore exceptionnelle avec plus de 100 espèces de mammifères , 1300 espèces d’oiseaux, plus de 400 espèces des reptiles… ; un sol riche et un climat favorable à l’émergence de l’agriculture moteur du développement .
Voici les défis de taille qui attendent le chef de l’Etat:
* La réglémentation de toutes les opérations liées à l’exploitation forestière en vue d’une gestion durable des superficies forestières qui devrait permettre à la RDC de bénéficier du crédit carbone notamment par le mécanisme de développement propre du fonds vert pour le climat
* La gestion durable et intégrée des déchets qui va de la collecte , du trie sélectif, du transport sécurisé vers un site d’élimination finale ou valorisation
* La lutte et l’annulation de toute démarche visant le transfèrement des eaux vers le lac tchad
* La lutte contre l’exploitation pétrolière dans le virunga…