« De plus en plus les éléphants naîtront sans leurs défenses en Afrique », il s’agit pour certains chercheurs d’une évolution génétique destinée à protéger cette espèce des pachydermes la plus prisée par les braconniers, à cause de l’or blanc que l’éléphant porte sur lui.
Un éléphant mâle de 50 ans peut avoir des défenses pesant jusqu’à 49 kilos chacune. Avec un prix mondial de l’ivoire de l’ordre de 1000 dollars le kilo, le braconnage d’un tel spécimen, est un véritable pactole pour les contrebandiers
Plus leurs défenses sont longues, plus les éléphants courent le risque d’être abattus par des braconniers. « Ceux qui n’en ont pas, ont davantage de chances de survivre, d’où la propagation du gène de l’absence de défenses dans l’espèce. Il ne s’agit pas d’une évolution naturelle, mais d’un changement induit par la force des armes », a indiqué Zhang Li, professeur de Zoologie.
Lors de la guerre civile (1976-1992) qui a sévi au Mozambique, les pachydermes du Mozambique avaient été particulièrement chassés pour leur ivoire afin de financer les achats d’armes. Cela a conféré aux éléphants sans défenses un avantage biologique.
Des chiffres récents suggèrent qu’environ un tiers des jeunes femelles [Ndlr : des éléphants qui sont nées après la fin de la guerre de 1992 au Mozambique], n’ont jamais développé des défenses. Une absence qui ne se manifeste que chez 2 à 4 % des éléphants d’Afrique, rapportait le National Geographic en novembre 2018.
A en croire les chercheurs, une augmentation du nombre de femelles sans défenses a été observée sur les pachydermes du parc national de Gorongoza, de la Zambie, du Tanzanie et d’Ouganda ces dernières années.
Les analyses de China Daily à pékin avaient révélé en 2005 que, Le gène responsable de l’absence de défenses se répandait parmi les populations d’éléphants vivant dans la province de Yunnan, dans le sud-ouest du pays. Ce gène, généralement été présent chez 2 % à 5 % des éléphants asiatiques. Aujourd’hui, ce « gène évolué » a été récemment découvert chez 5 % à 10 % des éléphants chinois.
Au cours de cette étude, des observations ont montré de plus en plus d’éléphants d’Afrique et d’autres cieux sont porteurs d’incisives extrêmement courtes. « Dans le parc national Addo en Afrique du Sud, cela concernerait jusqu’à 98 % des 174 spécimens présents.
De cette métamorphose, les biologistes préfèrent parler de « dérive génétique » plutôt que d’évolution des éléphants où l’homme aurait donc indirectement joué un rôle.
Albert MUANDA