Plus de 23% des décès par an en Afrique, sont imputables à des facteurs de risques évitables liés à la détérioration de l’environnement avec des effets particuliers sur des couches les plus pauvres et les plus vulnérables, notamment les femmes, les enfants les populations rurales et les personnes vivant avec Handicap. C’est en vue d’identifier les menaces environnementales émergentes pour la santé des populations et de convenir d’un plan d’action stratégique pour la Région, que s’est ouverte à Libreville la troisième Conférence interministérielle sur la santé et l’environnement en Afrique.
Ils sont au total près de 300 délégués , parmi lesquels des ministres de la santé des ministres de l’environnement et des finances, ainsi que des représentants d’organisations politiques et économiques régionales issus de 54 pays d’Afrique, qui prennent part depuis le 06 novembre à la conférence interministérielle sur la santé et l’environnement en Afrique.
« S’attaquer aux liens entre l’environnement et la santé humaine peut fournir une plateforme commune et induire un effet multiplicateur pour soutenir les progrès vers l’atteinte d’un grand nombre d’objectifs du développement durable et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, d’une manière qui soit plus efficace en termes de coût et plus bénéfique », a déclaré Juliette Biao Koudenoukpo, directrice régionale Afrique de ONU Environnement.
Cette troisième conférence interministérielle offre une occasion pour les parties prenantes de s’engager pour la santé et l’environnement en adoptant un plan d’action stratégique et de montrer aux partenaires politiques, financiers et de développement, qu’il est possible de stimuler le passage d’une approche d’une politique réactive à une politique proactive.
Pour la Ministre gabonaise de la santé, Denise Mekam’ne edzidzi, le thème choisi pour cette conférence, « l’Alliance stratégique Santé-Environnement, un catalyseur pour la prise des mesures en faveur des ODD en Afrique », rappelle l’importance pour les pays africains de se rassembler au tout d’un projet commun pour répondre aux multiples enjeux qui s’imposent aux pays africains.
« La santé environnementale devient un enjeu de la diplomatie sanitaire et au-delà, un enjeu du développement, car l’environnement est plus qu’un espace de partage, mais un patrimoine en devenir », a-t-elle déclaré.
À en croire la ministre d’Etat gabonais en charge de la santé publique , il est temps que l’Afrique se réveille pour lutter contre les maux qui l’envahit de plus en plus. Exposée aux risques naturels multiples liés au changement climatique et la perte de la biodiversité, ce contient en quête du développement pour laquelle les activités humaines mal encadrées produisent des déchets de plus en plus toxiques, les ministres de la santé et de l’Environnement devront se sentir concernés au plus haut point à trouver trouver des solutions et relever le défi qui se posent au continent en matière de santé et de l’environnement.
Il est aujourd’hui prouvé que les multiples facteurs économiques sociaux et institutionnels, exacerbent les risques environnementaux avec un impact indiscutable sur la santé humaine et la charge des services de santé. Il convient de mettre davantage l’accent sur la prévention des risques pour la santé lié à l’environnement.
« Le secteur de la santé ne devrait plus se concentrer principalement sur le traitement des maladies et la prestation de soins de santé, mais doit agir en amont avec plus de détermination qu’auparavant », a indiqué la directrice régionale Afrique de l’OMS, Docteur Matshidiso R. Moeti. « La protection des écosystèmes et leur gestion durable, ne peuvent plus être perçues comme de conservation de la nature au sens strict, mais plutôt comme une question de bien être humain du fait que la santé humaine est inexplicablement liée à l’environnement naturelle ».
Selon l’OMS, les facteurs de risques environnementaux ont été en 2006 responsables de la mort d’environ 2.400.000 personnes en Afrique subsaharienne. En 2015, plus de 697 millions de personnes n’avaient pas accès à un assainissement de base, et plus de 600 millions de personnes n’avaient pas accès à des installations de lavage des mains, 404 millions de personnes n’avaient pas accès à de l’eau potable, plus de 850 millions de personnes ont recours aux combustibles solides polluant pour la cuisson l’éclairage et le chauffage.
Ces problèmes environnementaux traditionnels que connait le continent Africain sont à ce jour exacerbés par les changements climatiques, l’urbanisation anarchique et la croissance démographique occasionnant ‘autres risques émergents pour la santé publique.
Les résultats de cette conférence devraient apporter une contribution précieuse à la quatrième session de l’Assemblée de Nations unies pour l’environnement qui se tiendra du 11 au 15 mars 2019 à Nairobi.
Cette 3ème réunion interministérielle fait suite à celle des experts qui ont soumis à l’attention des ministres, les recommandations sur l’élaboration d’un plan d’action unitaire mettant un accent particulier sur les problèmes de santé liés à l’environnement.
Notons par ailleurs que cette conférence se tient encore au Gabon 10 ans après celle organisée en 2008, ayant abouti à la déclaration de Libreville, consacrée deux ans après, par l’acte d’engagement signé à Luanda en Angola.
Thierry-Paul Kalonji, avec Raoul Siemeni