« Tout en exigeant également la démission immédiate du ministre Ambatobe, les organisations de la société civile environnementale appellent à l’invalidation de celui-ci [Ndlr : le ministre de l’Environnement et développement durable], sur la liste des candidats députés nationaux ». Tel est l’essentiel du message lancé par la société civile environnementale aux instances de décision, notamment la Cours constitutionnelle et le Gouvernement congolais, ce mardi 04 septembre à Kinshasa.
Ces réseaux et organisations de la société civile environnementale dénoncent la gestion calamiteuse des forêts de la République démocratique du Congo, avec comme responsable, Amy Ambatobe Nyongolo. Elles fustigent l’attitude du ministre qui outrepasse les dispositions légales, en empruntant de raccourcis pour atteindre son ultime objectif, « la levée du moratoire sur les forêts instauré depuis 2002 ».
« Le Ministre a opté pour un raccourci en évitant le débat public au sein du parlement, en faisant intervenir le Président de la république pour obtenir la révision du Code forestier par Ordonnance-loi. Ne sommes-nous pas là en présence d’une autorité qui utilise sa position et son statut officiel pour servir ses fins personnelles et des intérêts privés, au mépris des intérêts de la république », se sont-ils questionnés.
Les activistes du secteur de l’environnement restent tout de même très préoccupés par la curieuse insistance du Ministre Ambatobe qui tient à une révision unilatérale de l’actuelle code forestier et d’en soumettre directement à la signature du Chef de l’Etat.
« La démarche que le Ministre est entrain de menée n’est pas celle du Gouvernement. La preuve est qu’il a essayé de porter cette question d’attribution de nouvelles allocations forestières au niveau du Conseil des ministres, il n’a pas pu. Ayant échoué dans ces tentatives de lever le moratoire de la manière la plus régulière qu’il soit, il a trouvé que la meilleure initiative serait bien de revoir le Code forestier », a indiqué Augustin Mpoyi, directeur exécutif de CODELT. « Quand vous lisez le projet de révision de ce code forestier, vous allez voir que dans le dernier article, il est clairement dit que le moratoire institué… est levée ».
Pour ces acteurs, le projet de révision du code forestier n’a d’autre visée que la levée du moratoire sur les forêts de la RDC, afin qu’elles restent à la merci du Ministre de l’Environnement, qui pourra décider de ce qu’il doit faire avec selon son propre gré.
« Il faut amener le ministre en justice pour que sa candidature soit invalidée [Ndlr : pour que la candidature du ministre soit invalidée sur la liste électorale]. Nous irons encore beaucoup plus loin dans des circonscriptions électorales pour informer l’électorat, car il doit faire un vote utile », a précisé Joseph Bobia, membre de la société civile.
12 millions de dollars américains détournés
Contre toute attente, la société civile s’indigne d’avoir été informée du détournement par le Ministre Amy Ambatobe Nyongolo, d’un montant de 12 millions de dollars américains, perçus en échange de la ré-attribution de trois concessions forestières aux entreprises chinoise la Société la Millénaire Forestière (SOMIFOR) et la Forestière pour le Développement du Congo (FODECO).
« L’information aujourd’hui est que le ministre a vendu les forêts à plus ou moins 12 millions de dollars américains. Et, cet argent n’a jamais été versé dans le trésor public. Quand le Ministère pense que nous de la société civile nous travaillons pour notre compte, posez leur la question : de ces 12 millions perçus, les communautés riveraines de ces concessions vendus ont eu combien ? Et, l’Etat congolais ? », ce sont-ils interrogés.
Rien de tel n’a été fait
Réagissant à la déclaration de la société civile, une source proche du cabinet du Ministre de l’Environnement a récusé en bloc, toutes les accusations portées contre Amy Ambatobe par la société civile environnementale, qu’elle qualifie de « rouler sous les poches des bailleurs de fonds ».
« Nous savons que plusieurs organisations de la société civile sont financées par les détracteurs qui veulent la tête d’Amy Ambatobe, pour saper l’action du ministre. Il est bien clair que ceux qui crient à la gestion calamiteuse seront surpris. Bientôt le ministère va signer un contrat de financement avec la Banque mondiale pour un projet de reforestation dans le Mai Ndombe », a-t-elle rétorqué.
Concernant la révision unilatérale du code forestier, la même source a indiqué qu’un travail préliminaire a été réalisé pour avoir une ébauche qui devra être soumis à l’approbation de partenaires, notamment la société civile.
La société civile environnementale réitère son engagement au maintien du moratoire d’autant plus que le gouvernement de la RDC ne fournit pas assez d’efforts pour remplir la troisième condition, celle liée au zonage de la forêt. « Dire que nous sommes à la solde des bailleurs de fonds, est une mauvaise analyse », conclut-elle.
Alfred NTUMBA
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