Biodiversité : L’huile de palme decime les espèces mais son interdiction n’est pas une solution non plus

Au total 193 espèces inscrites sur la liste rouge de l’UICN menacées d’extinction sont concernées aussi par l’expansion des plantations d’huile de palme, selon un rapport de cette institution publié ce mercredi. UICN vise à fournir une solution constructive pour améliorer la durabilité dans l’industrie de l’huile de palme.

Malgré cela, pour cette organisation, interdire l’huile de palme augmenterait très certainement la production d’autres cultures oléagineuses pour répondre à la demande d’huile, et ne ferait ainsi que déplacer le problème sans l’arrêter. Mais l’appauvrissement de la biodiversité à l’échelle mondiale causé par l’huile de palme reste très significatif.

« Lorsque vous étudiez les impacts désastreux de l’huile de palme sur la biodiversité à une échelle mondiale, il n’existe pas de solutions simples. La moitié de la population mondiale utilise l’huile de palme pour son alimentation ; aussi si nous l’interdisons ou la boycottons, d’autres huiles, plus gourmandes en terres, prendront très certainement sa place. L’huile de palme est là pour durer, et nous avons de toute urgence besoin de mesures concertées pour rendre sa production plus durable, en veillant à ce que toutes les parties prenantes (gouvernements, producteurs et la chaîne d’approvisionnement ) respectent leurs engagements en matière de durabilité » a fait savoir la directrice générale de l’UICN, Inger Andersen.

Les impacts de l’huile de palme sur la biodiversité convergent en Malaisie et en Indonésie, mais ils pourraient s’étendre en Afrique tropicale et en Amérique si la production se développait pour répondre à la demande. L’huile de palme est cultivée dans les régions tropicales riches en espèces, c’est pourquoi son développement peut avoir des effets catastrophiques sur la biodiversité mondiale.

Il convient de signaler que les zones où la culture de l’huile de palme pourrait potentiellement s’étendre abritent plus de la moitié (54%) des mammifères menacés dans le monde, et presque les deux tiers (64%) de tous les oiseaux menacés, selon ce rapport. Au cas où d’autres cultures remplacaient l’huile de palme, les dommages pourraient se déplacer vers les forêts tropicales ou la savane.
« L’huile de palme décime la riche diversité d’espèces de l’Asie du Sud-Est, car elle dévore des pans entiers de forêt tropicale. Cependant, si elle était remplacée par des zones bien plus vastes de champs de colza, de soja ou de tournesol, d’autres écosystèmes et d’autres espèces en subiraient les conséquences. Pour mettre un terme à la destruction, nous devons chercher à avoir une huile de palme exempte de déforestation, et veiller à ce que toutes les tentatives pour limiter l’utilisation de l’huile de palme soient renseignées par une compréhension scientifique solide des conséquences », a déclaré le principal auteur du rapport et Président du Groupe d’études sur l’huile de palme de l’UICN, Erik Meijaard.

Les experts pensent que les solutions doivent se focaliser sur l’amélioration de la planification des nouvelles plantations de palmiers à huile, afin d’éviter le déboisement des forêts tropicales ou des zones de tourbières, et sur l’amélioration de la gestion des pans de forêts encore intacts dans les plantations, que l’on appelle des zones mises en réserve.

Les auteurs de ce rapport préconisent que les politiques gouvernementales protègent les forêts dans les pays produisant de l’huile de palme et d’autres huiles, et limitent la demande pour les utilisations non-alimentaires d’huile de palme, comme les biocarburants.

Jennifer LABARRE

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