Le CIFOR (Centre de Recherche Forestière Internationale), a présenté à Kinshasa, les résultats d’une série d’études sur les filières de développement et conservation dans le paysage de la Réserve de biosphère de Yangambi réalisées dans le cadre du projet FORETS ( Formation, Recherche et Environnement dans la Tshopo).
Au total, près de dix études ont été menées pendant cette période. Les analyses faites dans les filières agricoles et agroforestières, les secteurs de l’énergie et du bois, ont été complétées par des analyses approfondies du panorama institutionnel et la réduction d’un plan de développement des capacités des agents de certains partenaires clés basés à Yangambi, comme l’INERA, l’IFA et la MAB-UNESCO.
Ces études ont permis de produire de données et connaissance de base pour avoir une meilleure compréhension des menaces, des pressions et des opportunités de développement actuel et future dans les alentours de cette réserve. « Ces connaissances de base nous aiderons à mieux planifier les investissements pendant la deuxième phase et à maintenir un regard attentif sur leurs impacts », a indiqué le directeur du projet, Quentin Ducenne.
Début de la deuxième phase
La présentation de ces résultats marque la clôture de la première phase de ce projet démarrée depuis janvier 2017. La deuxième phase du projet prendra fin en 2021.
Cette deuxième phase est cruciale car elle devra apporter des alternatives aux communautés locales dont la survie dépend de cette réserve, a indiqué le président de la société civile de Yangambi, Christian Baboko Ilako. « Cette population dépend en grande partie de la chasse, la pèche, et la cueillette dans la Reserve de biosphère de Yangambi. Aujourd’hui, en les conscientisant pour conserver cette biodiversité, il faut leur proposer d’autres alternatives de survie », a-t-il précisé.
La deuxième phase du projet FORETS visera surtout le développement de partenariats de type public-privé, dans l’optique d’amener le secteur privé à s’investir dans les activités économiquement viables et écologiquement durables à Yangambi, afin d’améliorer les conditions de vie de la population et la gestion de revenus pour les acteurs locaux.
« On a vraiment discuté, quoiqu’il faille encore plus de discussions pour chaque filière et chaque intervention, néanmoins le cadre est fixé », a indiqué le Coordonnateur du projet FORETS, Paolo Omar Cerutti.
Au cours de la réunion qui a mis au tour de la table, les experts du projet, le gouverneur de la province de la Tshopo, et les représentants de la société civile de Yangambi, de grandes orientations ont fait l’objet de discussions. Des options ont été levées sur la mise en place et le financement des projets d’agroforesterie, des filières agricoles, l’énergie et autres projets susceptibles de contribuer au bien-être des communautés tout en réduisant les chaines de valeur qui ont un impact négatif sur la biodiversité dans la Reserve de biosphère de Yangambi.
Pour le Gouverneur de la Province de la Tshopo, Constant Lomata, ces échanges au tour de la deuxième phase du projet sont extrêmement importants car il y’a urgence d’agir. «Les denrées alimentaires représentent 74% d’importation globale de la province et se vendent à des coûts très élevés. La population est réduite à la pratique d’une agriculture de subsistance qui est malheureusement destructrice de l’environnement. Devant cette évidence, cette atelier tombe à point nommé pour permettre au projet FORETS de réfléchir en vue d’intégrer dans sa planification la sécurité alimentaire et nutritionnelle de population de Yangambi », a-t-il précisé.
Après Kinshasa, le projet ira à la rencontre des parties prenantes notamment, les communautés locales, l’Université de Kisangani, l’IFAD et l’INERA pour discuter et dégager un véritable business plan détaillé, afin de procéder au décaissement des financements nécessaires des projets préalablement identifiés par l’ensemble des acteurs impliqués dans cette démarche.
« Nous avons la forêt, mais nous ne savions pas l’exploiter et nous ne connaissions pas non plus sa valeur. Avec l’arrivée de ce projet, nous commençons petit à petit à découvrir nos richesses, nos valeurs et ce qui est plus important. Je demande à toute la population d’accueillir et de s’approprier de ce projet, car il vient réduire notre pauvreté », a déclaré Abbé Christophe Nechane Mbay, Curé de la Paroisse Notre dame de l’Assomption de Yangambi.
Notons par ailleurs que la deuxième phase de ce projet s’inscrit dans la dynamique de la théorie du changement vers les objectifs globaux que l’Union européenne s’est fixée avec ses interventions en République démocratique du Congo.
Alfred NTUMBA