Les organisations membres de la société civile environnementale de la RDC ont décrié la démarche du ministre des hydrocarbures de procéder au déclassement partiel de deux sites emblématiques du pays, à savoir le parc national des Virunga et la Salonga, en vue d’une exploitation pétrolière. Cette déclaration a été rendue publique lors d’un point de presse tenu à Kinshasa.
La société civile évoque la contradiction entre les engagements nationaux et internationaux auxquels la RDC a souscrit et le projet d’une éventuelle exploitation pétrolière dans ce patrimoine universel. « Nous avons appris avec beaucoup d’amertume ce projet qui envisage l’exploitation pétrolière dans les deux sites du patrimoine mondial et nous avons pris une position contre cette démarche », s’est indigné René Ngongo, président de OCEAN (Organisation Congolaise des Ecologistes et Amis de la Nature).
Les organisations de la société civile environnementale ont saisi cette occasion pour lancer une campagne de sensibilisation au niveau local, national et international pour empêcher la réalisation de ce projet, qui selon elles ne relève pas d’un choix judicieux au regard de la fragilité des écosystèmes de ces aires protégées.
« Nous pensons atteindre tous les décideurs pour leur montrer que nous avons beaucoup à gagner en préservant ce potentiel unique au monde, plutôt que de le brader pour une exploitation qui ne durera pas toute une vie. Nous sensibilisons aussi la jeunesse par ce que c’est son avenir qui est en danger », a fait savoir René Ngongo.
Le parc national de la Salonga recèle une biodiversité exceptionnelle. Il abrite près de 40 % de la population mondiale de bonobos, tandis que celui des Virunga constitue un habitat vital pour de nombreuses espèces protégées, notamment les hippopotames, les éléphants et certains des derniers gorilles des montagnes au monde.
Avec près de 3.600.000 hectares des forêts, le Parc national de la Salonga est considéré comme le poumon vert de la République démocratique du Congo. Pour la société civile environnementale, sans ce parc, l’ on ne parlerait pas du deuxième massif forestier au monde. Ces activistes invite le gouvernement à faire preuve de bons sens.
En effet, les aires protégées de la RDC couvrent à peine près de 15% du territoire national. Réduire leurs superficies serait une façon de bafouer les efforts consentis par les 8 gardes du pars des Virunga qui ont perdus leur vie cette année en protégeant la nature, pense ces activistes de l’environnement.
Rappelons que c’est depuis le mois de février de cette année, qu’un contrat de partage de production, CPP a été signé entre le Gouvernement et l’entreprise COMICO pour exploiter le pétrole dans l’une des aires protégées précitées. « Notre plus grande crainte ce que si par malheur ce projet aboutit alors on ne parlerait plus de la conservation de la nature car dans toutes les aires protégées il y a soit du pétrole, les mines ou la biodiversité qu’il faut conserver», a conclut René Ngongo.
Jennifer LABARRE