Rhodis, c’est le nom de ce nouvel outil qui permet, grâce à une base de données, de relier la carcasse d’un rhinocéros à sa corne vendue au marché noir et finalement de placer les braconniers responsables ou les acheteurs derrière les barreaux. Un pas de plus en direction de la lutte efficace contre le braconnage des rhinocéros.
Pourchassés pour leur corne, les rhinocéros noirs et les rhinocéros blancs sont toujours plus nombreux à succomber aux balles des braconniers. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les premiers sont en danger critique extinction tandis que les seconds sont quasi-menacés. Les chiffres demeurent de plus en plus inquiétants. En Afrique du Sud , les incidents liés au baronnage de rhinocéros sont passés de 13 en 2007 à 1215 en 2014 » note dans un article paru le 8 janvier 2018 dans la revue Current Biology une équipe internationale de chercheurs. C’est dans cette étude que les scientifiques présentent un nouvel outil qui pourrait révolutionner la lutte contre le braconnage : le Rhodis ou Rhinoceros DNA Index System.
Cet outil a été mis en place grâce à l’action conjointe de rangers, d’agents de la force publique et de généticiens. Rhodis regroupe les profils ADN de rhinocéros vivants mais également ceux prélevés sur des cornes, des carcasses ou tout autre échantillon trouvé sur une scène de crime. Ces profils ont été définis grâce à l’analyse de 23 régions microsatellites : des séquences répétitives de plusieurs nucléotides situées sur l’ADN et permettant l’identification d’un spécimen. L’objectif de cette base de données est de lier les preuves saisies à des incidents afin d’aider les enquêtes et in fine, de mettre les braconniers et les acheteurs sous les verrous. Le laboratoire vétérinaire d’analyse génétique de Pretoria, à l’origine du projet, souhaite qu’à terme, tous les rhinocéros soient enregistrés dans le système afin de mener une lutte efficace contre les trafiquants.
Depuis 2010, 5800 affaires de braconnage ont été soumises à Rhodis qui a réussi à trouver un lien pour 120 d’entre elles entre carcasses découvertes et cornes confisquées ou d’autres preuves comme par exemple des tâches de sang découvertes sur les vêtements des suspects. L’étude parue dans Current Biology décrit 9 affaires résolues grâce à cette base de données, en Afrique du Sud mais pas seulement. Certains rhinocéros ont été abattus en Namibie ou au Kenya. Chacune de ces affaires a conduit les trafiquants devant un tribunal. La peine la plus légère a été administrée à un vietnamien en 2014 qui a écopé d’une peine de 15 mois de prison quant à la plus longue elle est purgée par un mozambicain qui a été condamné en 2012 à passer 29 ans derrière les barreaux. Les autres peines se comptent également en années.
Thierry-Paul KALONJI