Conservation : En Afrique centrale, la faune paie un lourd tribut de l’instabilité politique (TRAFFIC)

Les groupes armés et les braconniers qui pullulent en Afrique centrale exercent une pression énorme sur les espèces sauvages notamment, les éléphants dans les aires protégées. Une situation qui fait suite à l’instabilité qui règne dans cette région, révèle un rapport de l’ONG Traffic publié le 8 décembre 2017.

Garamba National Park Typical grassland habitat Democratic Republic of Congo (Zaire) Project number: ZR0009

Au cœur de cette étude, trois parcs nationaux aux confins de la République démocratique du Congo et de la Centrafrique. Elle indique que le braconnage est répandu dans toute la région et ses principaux auteurs sont des groupes armés non-étatiques, des acteurs étatiques, des éleveurs armés et des braconniers indépendants. Ces acteurs, en particulier l’armée de résistance du seigneur (LRA), les Janjaweeds (milice soudanaise) et d’autres milices non-étatiques, exercent une pression énorme sur les populations d’espèces sauvages dans ces aires protégées, les parcs de la Garamba et Bili (au nord de la RDC), ainsi que la réserve de Chinko (sud-est de la RCA).

« Cette région est sans doute l’une des plus isolées et sous-développées du continent », déclare Liz Williamson, l’un des auteurs du rapport. « L’absence de gouvernance et de maintien de l’ordre a fait des communautés locales et des espèces sauvages des cibles faciles pour l’exploitation par des groupes armés, tandis que le commerce illégal des espèces sauvages renforce l’instabilité dans le paysage ».

Les grands mammifères notamment les bongos (une grande antilope), les buffles, les éléphants et les hippopotames sont la cible de ces groupes armés, s’alarme Traffic.

Le rapport signale aussi que la corruption dans la région constitue un obstacle majeur à l’application des lois, alors que les autorités nationales et locales, y compris les FARDC, ont été impliquées directement dans le braconnage ou ont facilité le braconnage et le trafic, poursuit l’ONG. Des informations indiquent que le braconnage par les soldats des FARDC a diminué ces dernières années grâce à une étroite collaboration avec les autorités des parcs.

L’autre menace pour les espèces sauvages provient de certains éleveurs Fulani nomades de bétail, s’inquiète également Traffic. Il est avéré que les Fulani et les Mbororo, souvent lourdement armés pour leur protection, tuent des élans de Derby et des buffles pour les vendre comme viande de brousse et empoisonnent des prédateurs, tels que les lions, pour prévenir les attaques contre leur bétail.

Outre ces groupes armés et ces éleveurs nomades, les communautés locales exercent aussi une pression sur la faune locale, ce qui fragilise davantage des populations d’espèces menacées et déjà en déclin. Ces braconniers vendent la viande à des individus et à des restaurants dans les villes et villages périphériques, et transportent les produits de valeur comme l’ivoire, les peaux et d’autres trophées, vers les grandes municipalités pour continuer de financer le braconnage. Ce groupe est constitué d’acteurs locaux et étrangers, équipés d’armes semi-automatiques.

Le rapport décrit aussi des mesures positives prises par des organisations non-gouvernementales et des agences gouvernementales dans la région, en particulier les efforts essentiels de surveillance et de maintien de l’ordre entrepris par les gardes des parcs et la collaboration positive entre le personnel des parcs et les communautés environnantes. Près de 70 % des populations locales interrogées autour de la Garamba affirment entretenir de bonnes relations avec le personnel du parc, et 80 % autour de Bili.

« Un travail remarquable est réalisé sur le terrain dans toute la région, mais des efforts restent à faire pour appuyer ces actions et les communautés locales dans la lutte contre un braconnage qui alimente la corruption et déstabilise la région », a déclaré Paulinus Ngeh, directeur du bureau régional de TRAFFIC en Afrique centrale.

Financé par l’USAID, ce rapport est le résultat d’études et de discussions auprès de 87 villages locaux avec la participation de plus de 700 personnes, notamment les autorités administratives, de chefs traditionnels et de forces de l’ordre. Les auteurs ont enquêté sur la chasse, le braconnage et le trafic à différents niveaux—de la chasse de subsistance au braconnage organisé et à la contrebande à grande échelle—tout en évaluant les moyens de subsistance et les opportunités économiques des villageois et des éleveurs nomades.

Thierry-Paul KALONJI

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Un commentaire sur “Conservation : En Afrique centrale, la faune paie un lourd tribut de l’instabilité politique (TRAFFIC)

  1. La conservation de nos forets est bittee devant une double menace que nous devons prendre au serieux
    1) la cuisine congolaise qui consomme de tonnes de braises par jour et surtout nos Grande filles comme Kinshasa etc.
    Ce qui menace meme nos efforts fe reboisement souvent sans soutenus financierement

    2) le commerce transfrontalier du nous scie et le besoin de nos Grande filles
    D’ou il nous faut soutenir la production des energies propres

    Merci

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