Une semaine après le début de la vingt-troisième édition de la conférence des parties sur le climat, qui se tient jusqu’au 17 novembre à Bonn, la question fâcheuse sur la finance climatique s’est enfin invitée sur le devant de la scène avec la journée consacrée à la finance.
Organisée par les îles Fidji, premier Etat insulaire à présider une Cop, cette rencontre de Bonn doit notamment mettre en avant lessolutions d’adaptation envisageables pour les pays les plus vulnérables (Most vulnérables countries). Mais les pays du Sud dénoncent un vrai décalage qui existe entre les promesses de financement et leur concrétisation. Une musique qui retentit durant les COP, mais dont l’urgence se fait sentir alors que 2017 a de nouveau été jusqu’à ce jour l’année la plus chaude jamais enregistrée.
Pour l’heure, l’OCDE a identifié autour de 43 milliards d’euros de financement sur les 100 milliards promis du Nord au Sud d’ici 2020. Mais tout dépend de ce que l’on comptabilise. Pour Armelle Lecomte, d’Oxfam, « on est encore très très loin du compte ». Selon l’ONG britanique, ce sont moins de 15 milliards de dollars qui ont pour l’heure été réunis.
Le Fonds vert pour le climat, a annoncée lundi avoir engagé pour 2,2 milliards de dollars de dépenses, et avoir plus de 41 milliards de dollars de projets en vue.
Et dans les discours, la problématique financière est clairement identifiée. « Il faut des centaines de milliards d’euros d’investissement pour financer la transition énergétique et arriver à un réchauffement nettement inférieur à 2 degrés. C’est un challenge et une opportunité pour l’UE d’attirer l’investissement vert, c’est pourquoi nous préparons pour début 2018 un plan d’action pour la finance verte et durable », a assuré Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne.
De son côté, la France a plaidé, par la voix de sa secrétaire d’Etat à la transition énergétique, Brune Poirson, pour des outils de « mesure du risque climatique pour convaincre les acteurs financiers de le prendre en compte ».
Toutes ces réponses semblent peu réconfortantes pour les populations qui voient leurs terres grignotées par la mer qui monte d’une saison à l’autre : le temps que les textes proposés par l’exécutif européen entrent en action, d’ici 2 ans, plusieurs îles du Pacifique auront déjà été rayées de la carte.
Le continent africain est tout particulièrement angoissé par cette situation, et pour cause : les sécheresses aggravées par le réchauffement climatique se multiplient.
« Nous ne négocions pas pour le pouvoir, ni pour notre économie, nous négocions pour notre survie », a rappelé Hindou Oumarou Ibrahim, représentant l’association des femmes autonomes du Tchad (AFPAT).
Le président du parlement panafricain, Roger Nkodo Dang, n’y est pas allé de main morte. « On nous dit de ne pas manger de viande de brousse et de ne pas couper d’arbres dans la forêt. Mais cela ne peut être fait sans compensation ! Or, on arrive ici, et on nous explique qu’il faut encore et toujours négocier les conditions de mise en place de l’accord de Paris. Mais la vraie question, c’est qui va payer la part des Etats-Unis ? »
Autre sujet préoccupant, les pays en voie de développement réclament plus de souplesse dans les dispositifs actuels. Actuellement, il leur faut au moins deux ans et énormément de paperasse pour monter un dossier et avoir accès au Fonds vert pour le climat. Situation décriée par l’Alliance pan africaine pour la justice climatique.
Thierry-Paul KALONJI