Ce lundi 06 novembre, s’ouvre à Bonn en Allemagne, la 23ème Conférence des parties sur le Climat (COP23). Cette COP, dite d’actions sera une tribune pour les pays membres de faire une évaluation sur les deux ans qui se sont écoulées après la signature de l’accord de Paris. Le 12 décembre 2015 restera sans nul une date historique dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour la première fois, plus de 180 Etats membres de la convention cadre des nations unie sur les changements climatiques étaient parvenus à aplanir leurs divergences pour sauver la planète embrasée par les gaz à effet de serre produits par les activités anthropiques.
La satisfaction ressentie ce jour-là à Bourget, n’était pas loin de celle que ressentent les fidèles catholiques à la vue de la fumée blanche qui s’échappe de la cheminée du Vatican pendant le conclave des cardinaux.
« Nous avons un accord !!!!« , se sont exclamées plusieurs personnes, à l’annonce par Laurent Fabius de l’adoption de l’accord de Paris. Ce texte, qui vise d’une part à limiter l’augmentation de la température moyenne de la planète bien en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et, d’autre part, « à poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C« , est entré en application le 4 novembre 2016. Ce laps de temps entre la signature et l’entrée en vigueur s’explique par la nécessité de réunir la signature de 55 pays responsables d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre.
Deux ans après , le moment est venu pour passer de la parole à l’action. C’est déjà demain que sera donné le coup d’envoi des travaux de la COP23, qui se tiendra à Bonn, en Allemagne, du 6 au 17 novembre prochains. Mais plusieurs autres objectifs seront inscrits à l’agenda de cette réunion , notamment celui de gérer la délégation américaine, après l’annonce de Donald Trump sur le désengagement de son pays à l’accord de Paris.
Au regard de toutes les catastrophes naturelles qui ont précédé cette 23ème Conférence des parties sur le Climat, il est plus que jamais impératif d’appliquer l’accord de Paris pour éviter à la planète une trajectoire apocalyptique. C’est pour cette raison que la COP23, sous la présidence des îles Fidji devra tenir d’un certain nombre d’enjeux.
Faire avancer les négociations sur l’accord de Paris
L’une des tâches de cette la COP23 est bien celle de « préparer le dialogue de facilitation, qui portera sur la révision des contributions nationales à la hausse afin d’atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris« , explique le Parlement européen, qui enverra une délégation de 12 députés à Bonn pour un dialogue normalement prévu pour 2018.
Cette COP23 s’annonce donc comme une conférence plutôt technique, qui vise à préparer la COP24, qui sera organisée en 2018, en Katowice (Pologne). C’est à ce moment-là que l’on connaîtra les détails de la mise en oeuvre concrète de l’accord de Paris que Laurent Fabius avait décrit comme »ambitieux et équilibré« .
Gérer la position américaine
La nouvelle avait fait l’effet d’une bombe. Le 1er juin dernier, Donald Trump a confirmé que les États-Unis se retireraient de l’accord de Paris, considérant que le texte « désavantageait » son pays. Pour autant, la décision du président américain ne pourra entrer en application qu’à partir de 2019, une délégation américaine sera donc bien présente à Bonn.
Les regards seront braqués sur les représentants de l’administration Trump, qui auront à choisir entre plusieurs stratégies, notamment, s’impliquer dans les négociations pour avantager leur pays, paralyser les discussions ou alors rester neutres et en retrait.
Empêcher d’autres pays d’emboîter le pas aux USA
Si le risque semble modéré, il n’est pas impossible que certains pays, qui redoutent les règles auxquelles ils seront soumis, puissent eux aussi se désengager de l’accord de Paris, au même titre que les États-Unis. À ce titre, une attention toute particulière sera portée au cas de la Russie, seul pays du G20, avec la Turquie, qui n’a pas ratifié le texte à l’heure actuelle.
Vladimir Poutine pourrait par exemple réitérer la stratégie mise en place en 2001, lors du retrait des États-Unis du protocole de Tokyo. Il avait ainsi profité de la situation pour obtenir de nombreuses concessions concernant les objectifs demandés à son pays avant de se réengager.
Sensibiliser la planète sur la situation des îles pacifiques
« Les enjeux pour nous sont extrêmement importants », a déclaré le premier ministre des îles Fidji et président de la COP23, Frank Bainimarama. « Spécialement pour nos amis des îles Marshall, Tuvalu et Karibati, dont l’existence même est menacée. Mettre en œuvre l’accord de Paris est crucial mais pas suffisant pour nous sauver. Nous devons aussi convaincre le reste du monde d’aller encore plus loin« , avait-il expliqué lors du discours d’ouverture d’un rassemblement préparatoire à la COP, le 16 octobre dernier.
Ces territoires sont en effet en grand danger. Plusieurs experts et ONG estiment que si le réchauffement climatique n’est pas limité à 1,5 degré, les îles et littoraux pourraient être rayés de la carte. A quelques heures du début de ces grandes assises sur le climat, les défenseurs de la planète ne souhaitent rien de plus que la volonté des politiques, à concrétiser l’accord de Paris qu’ils ont eux-mêmes signé.
Thierry-Paul KALONJI
Un commentaire sur “COP23 : une COP d’actions, enjeux et perspectives pour les Etats membres”
L »Afrique en général et le Bassin du Congo en particulier ne doit plus se laisser berner. Soit les pays pollueurs acceptent de financer les actions correctives dans le Bassin du Congo et nous continuons. Soit ils continuent à tourner en rond et nous les laissons négocier entre eux pendant deux à quatre ans sans nous et nous reprenons langue quand le chantage et l’hypocrisie ont fait place à plus de raison. A cette COP23 l’Afrique devrait plus écouter car les pollueurs ont le choix…