Aucun détournement de fonds n’a été enregistré par la mission de l’audit de l’Union européenne effectuée récemment au RAPAC (Réseau des Aires protégées d’Afrique Centrale). La déclaration a été faite ce mardi 24 octobre 2017, par le Secrétaire Exécutif de cette institution d’appui aux aires protégées, Omer Ntougou, lors d’un entretien avec les journalistes membres du RECEIAC, à Douala au Cameroun.
« Le RAPAC a géré de 2011 à 2015, 17 millions d’euros de l’Union européenne dans le cadre du projet ECOFAC 5. Je suis arrivé au RAPAC en avril 2015, donc à la clôture du projet. Un certain nombre de difficultés essentiellement liées à la maîtrise des procédures de l’Union européenne se sont révélées dans l’exécution de ce projet. Sur 17 millions d’euros, 95% a été jugé recevable, et 5% (soit environ 1 millions d’euros) a été rejeté à cause de non-conformité aux procédures de l’Union européenne ».
Pour le Secrétaire Exécutif du RAPAC, les dépenses rejetées par le bailleur de fonds ont été réellement exécutées, soit pour l’achat des véhicules, ou encore pour le fonctionnement de l’institution. Malheureusement, les dépenses n’ont pas respecté les procédures exigées par l’UE. « Nulle part dans le rapport de l’audit, on parle de fraude ou du détournement. Mais plutôt de documents manquants ou inadéquats. Il est inimaginable que le Secrétaire Exécutif que je suis, puisse faire décaisser environ 600 millions de Francs CFA dans la période allant d’avril à décembre 2015. Avec les procédures de l’Union européenne, c’est quasi impossible », a-t-il précisé.
Le rapport de l’audit révèle que 342 mille euros ont été rejetés par faute de la documentation adéquate. 500 mille euros pour non-conformité aux « procédures de passation des marchés », 85 mille euros l’ont été également pour dépense hors délais contractuels et le reste pour les dépenses liés à la TVA (Taxe sur la Valeur Ajoutée). « Effectivement il y’a ce tableau de dépense par dépense qui montre que le RAPAC n’a pas suffisamment respecté les procédures de l’Union européenne dans la gestion de ce financement. Ce qui aujourd’hui constitue le point d’achoppement à la clôture de ce projet », a reconnu Monsieur Ntougou.
Réagissant aux accusations qu’il juge de « fausses », sur la gestion de cette institution, le Secrétaire Exécutif du RAPAC dénonce les manœuvres dilatoires entretenues par ses détracteurs en vue de discréditer cette institution, qui selon lui est un modèle de réussite dans la gestion et l’appui au développement des aires protégées. « Beaucoup de personnes et beaucoup d’organisations se battent pour que le RAPAC meurt, parce que le RAPAC devient dans la sous-région, une institution de référence. Pour eux il ne faut pas que ça dure, et ce pour cela qu’il y’a des remous », a-t-il insinué.
Le RAPAC, une institution en difficulté ?
Depuis 2014, le RAPAC a, grâce à la subvention de l’UE, entamé des reformes structurelles et juridiques qui ont permis au réseau de passer du statut d’une organisation de droit gabonais, à une institution sous-régionale. Cependant, comme la plus part des organisations d’Afrique centrale, le RAPAC est confronté actuellement aux difficultés financières dues notamment au manque de contributions des Etats.
« Nous avons des difficultés. Nos Etats ne cotisent pas en dehors de la Guinée équatoriale qui est en avance de ses cotisations, et le Gabon qui se bat pour tenter de maintenir le fonctionnement du Réseau », a déclaré le Secrétaire Exécutif du RAPAC. « N’ayant pas suffisamment de moyens pour payer le personnel, je me suis retourné vers le gouvernement gabonais qui a accepté de nous donner une subvention exceptionnelle. Aujourd’hui, tout le personnel d’appui du RAPAC a été intégré dans les effectifs de l’ANPN (Agence Nationale de Parcs Nationaux), et mis à la disposition du RAPAC de façon à assurer le fonctionnement de l’institution ». A-t-il déclaré.
En attendant, le Secrétaire Exécutif du Réseau des Aire Protégées d’Afrique Centrale se montre optimiste quant à l’avenir de cette institution, qui a été mise en place depuis bientôt 17 ans sous la recommandation des chefs d’Etats d’Afrique centrale.
Depuis Douala, Alfred NTUMBA