Vous qui détenez ou même cherchez la vérité, la neutralité, l’objectivité, l’impartialité et l’apolitisme, je vous invite à passer votre chemin, cela nous évitera des conflits stériles : en effet, je propose ici des chroniques qui sont subjectives, partiales et politiques, qui ne détiennent ni ne cherchent la vérité, mais plutôt l’émancipation.
Je trouve qu’il existe en Afrique un peu plus de médias qui traitent de l’environnement, avec des rubriques sur la protection de la nature :
Ca me semble être une excellente nouvelle !
Il s’agit le plus souvent de médias en ligne et non payants, financés principalement par des donateurs internationaux (comprendre occidentaux), étatiques ou privés. Les articles, reportages ou éditoriaux que j’y trouve sont produits par des journalistes (rarement par des praticiens), qui globalement ressemblent à la majorité de leurs homologues d’Occident : ils ou elles sont en majorité issus des classes dites moyennes, diplômés du supérieur, citadins et salariés précaires.
Probablement davantage qu’en Occident, ces journalistes environnementaux Africain-e-s sont jeunes.
Est-ce déterminé par cette sociologie, mais je constate que les médias environnementaux d’Afrique et les médias (mainstream) d’Occident propagent également les mêmes idées concernant leur rôle et leurs pratiques. Sans pouvoir entrer dans les détails, je dirais que, tant par leur fond (sujets traités, formulations des titres) que par leur forme (illustrations, mise en page), ces médias prétendent à la neutralité, l’objectivité, l’impartialité et l’apolitisme. Autrement dit : ils se veulent indépendants de toutes les parties-prenantes et de leurs idées.
La journaliste Aude Lancelin a récemment décliné cette prétention à l’indépendance des médias dominants occidentaux en 7 idées, les plus fréquemment mises en avant, ici.
Je vous propose d’en adapter la formulation au secteur des médias environnementaux d’Afrique : les donateurs de ces médias ne les influencent pas, ces médias recourent aux donateurs parce qu’ils n’ont pas d’alternative, ceux qui critiquent ces médias critiquent le journalisme, ceux qui parlent de « médias environnementaux » comme d’un ensemble homogène font erreur car ces médias sont divers, leurs journalistes se doivent d’être neutres, ces médias sont par essence des forces démocratiques à défendre quoiqu’il arrive, et enfin, ces médias ne peuvent être tenus responsables des décisions prises dans le secteur environnemental car petits comme ils sont, ils n’y peuvent pas grand chose.
Dans sa tribune, Aude Lancelin explique en quoi, selon elle, ces idées répétées par les médias mainstream de France ou des USA sont fausses, en quoi ces médias (et leurs journalistes) ne sont pas neutres, mais que pour des raisons plus économiques et sociologiques qu’idéologiques, et parfois même sans s’en rendre compte, ils ont pris un parti : celui de ceux qui contrôlent le système, le parti dominant.
Et les médias environnementaux Africains ?
Leurs journalistes sont-ils, en majorité, dépendants des dominants ?
Et si oui, desquels ?
(Dominants d’ici, ou dominants d’ailleurs ? Dominants par la politique, par la géopolitique ou par les affaires ?)
J’ai ma petite idée sur la question, et je suppose que vous l’avez comprise.
Pourtant…
S’étant intéressés à mes recommandations de lectures sur LinkedIn, des journalistes d’Environews m’ont proposé de publier sur leur site internet des chroniques sur l’environnement, tout à fait librement.
J’en suis d’abord honoré et heureux !
Et j’en déduis ensuite que, compte tenu de ces recommandations de lectures, ils veulent ouvrir leurs colonnes à des points de vu différents de la pensée des dominants : alors que vive la diversité de la nature, et que vive la diversité des idées !
Un commentaire sur “Les médias environnementaux sont-ils neutres? (Chronique de Romain Calaque)”
Médias… environnementaux !
N’est-ce pas déjà une prise implicite de position – disons même carrément explicite et assumée – que de se déclarer “VERT” dans le secteur des médias, y compris en Afrique?
Quelle marge de neutralité peut on revendiquer quand, précisément, on revendique un parti pris “pro-environnemental” dans le traitement des questions économiques et sociales?
La subjectivité est donc déjà dans l’ADN des médias environnementaux. Reste à savoir si cette obligation de parti pris est oblitéré par d’autres obligations de déférences partielles à quelques puissances occultes!
Là est la grande question … à mon humble avis.