La nouvelle sur la tenue à Paris en décembre prochain de la 21ème conférence des parties sur le changement climatique (COP21) n’arrête de se répandre comme une traînée de poudre. Chaque jour qui passe, la COP 21 qui de plus en plus s’installe dans la conscience collective est sans nul doute le résultat de la machine diplomatique Française qui tourne sans arrêt depuis le début de cette année.
Les multiples déplacements de ses autorités à l’instar de son ministre des affaires étrangères Laurent FABIUS, son ministre de l’écologie Ségolène ROYAL, de son Ambassadeur en Afrique pour le climat Stéphane GOMPETZ en restent une preuve sans appel. A travers ces multiples consultations, la France veut rallier à sa cause les Etats membres de la convention cadre des nations unies sur le changement climatique (CCNUC), afin d’obtenir un accord sensuel à Paris en décembre prochain.
A la différence des précédentes COP, cette 21ème semble placée sous une bonne étoile suite aux différents gestes de bonne volonté posés par certains Etats qui considéraient le changement climatique comme une question dont la réponse n’était pas urgente.
A deux mois de ce grand rendez-vous, les Etats membres semblent danser du même pied bien que le rythme reste encore diversifié. Du moins, le fait de se joindre à cette danse constitue déjà une bonne idée pour combattre le changement climatique.
Annonces climatiques
Cette COP 21 restera bien imprimée de plusieurs annonces climatiques faites par les Etats membres de la CCNUC avant sa tenue, même de la part de ceux qui étaient perçus comme hostiles à la lutte contre le changement climatique. La grande annonce inédite et historique reste bien celle faite par la Chine et les Etats-Unis après l’accord signé le 12 novembre à Pékin en marge du forum économique de l’Asie pacifique. Cet audacieux pari sino-américain qui est arrivé au moment où l’on ne l’attendait pas de sitôt constitue une avancée décisive pour permettre aux négociations de Paris d’aboutir. Considérées comme les deux gros pollueurs du monde, ces deux géants sont à l’origine de 40% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. De quoi mesurer le rôle si important qu’ils ont à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Pendant que le monde continuait à saluer l’inattendu accord sino-Américain, l’Union Européenne n’a pas mis trop de temps pour renforcer l’initiative prise par les deux premières puissances économiques mondial , en annonçant à son tour son accord visant à réduire les émissions des gaz à effet de serre de 40 % à l’horizon 2030. Ces deux grandes annonces engageaient ainsi le monde sur une dynamique positive pour que les Etats membres de la CCNUC prennent leur responsabilité en décembre en vue de l’adoption du futur accord à Paris sur le climat.
OBJECTIFS
L’environnement est devenu un enjeu majeur à l’échelle internationale après la conférence de Stockholm tenue à Stockholm en Suède n 1972. A cette occasion, il a été reconnu la nécessité de gérer au mieux les ressources non-renouvelables, de protéger l’environnement et de mettre en place des systèmes de gouvernance nationaux pour prendre en compte l’environnement. Les bases du développement durable étaient jetées et cette conférence fut appelée premier sommet de la terre. A l’issue du sommet de la terre tenu à Rio de Janeiro au Brésil en 1992, fut créée la conférence des parties sur le changement climatique (COP). Cette dernière a été mise en place afin de comprendre et trouver des solutions au problème du dérèglement climatique. Considérée comme un organe majeur de la CCNUC, la COP a pour but de stabiliser l’émission de gaz à effet de serre d’origine humaine dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute interférence dangereuse sur le climat. Celle de Paris qui s’étendra du 30 novembre au 11 décembre 2015, a comme enjeu celui de trouver un accord contraignant qui devra limiter le réchauffement à 2° d’ici à la fin du siècle. Cet accord est censé entrer en vigueur en 2020. Il devra à la fois traiter l’atténuation, la baisse des émissions de gaz à effet de serre et de l’adaptation des sociétés au changement climatique existant et à venir. Il s’agira ainsi de trouver un équilibre entre les besoins et les capacités de chaque pays.
Ce rendez-vous de Paris devra aussi permettre aux pays développés de mobiliser 160 milliards de dollars par an à partir de 2020 en partie via le fonds vert de l’ONU pour le climat, afin d’aider les pays en voie de développement à lutter contre les effets du réchauffement climatique.
Engagements
De la première COP de Berlin en Allemagne en 1995 jusqu’à la 20ème tenue à Lima au Pérou, les grands engagements ont été pris par les Etas membres lors de certaines d’entre elles. C’est le cas pour la troisième Cop de KYOTO à l’issue de la quelle fut adopté le protocole de KYOTO où les pays industrialisés s’étaient engagés à réduire leurs émissions de 5% entre 2002 et 2012. Malheureusement aucun objectif chiffré n’a pourtant était fixé lorsque cet accord a été prolongé fin 2012. Lors de la COP 11, un plan d’action pour le climat fut produit et à Durban à l’issue de la COP 17, le fonds vert pour le climat a été créé.
Dans le cadre de la préparation de la COP21 et conformément à ce que prévoyaient les COP 19 et 20, chaque pays doit rendre publique une contribution volontaire qui présente les décisions prise l’échelle nationale. Ces contributions traduisent à ce stade des intentions et non des engagements actuels des Etats. Ces engagements visent à prendre en compte les spécificités et contraintes nationales de chaque pays, et de les présenter dans le cadre d’un projet ambitieux. Ils doivent enfin faciliter la transparence.
Toute contribution vise à la fois à atténuer les émissions de gaz à effet de serre en prévoyant de faire évoluer l’économie nationale, et adapter les conditions de vie des personnes au changement climatique, effectif et anticipé.
Les pays développés étaient invités à remettre leur contribution volontaire à l’ONU avant le 31 mars 2015. La Suisse, l’Union Européenne, la Norvège, le Mexique, la Russie, les USA, le Canada, le Japon, la Nouvelle Zélande, la Chine, la Corée du Sud, le Liechtenstein ; l’Islande et l’Australie ont déjà déposé leurs contributions volontaire chiffrées. Les pays les moins avancés quant à eux n’auront qu’à présenter leur contribution à l’effort universel sans qu’elle soit chiffrée.
Avec ses 50 mille participants attendus, y compris 25 mille délégués officiels venant de gouvernements, des organisations intergouvernementales, des agences de l’ONU ; des ONG, des sociétés civiles et son coût d’organisation qui s’élève à 160 millions d’euro, la conférence de Paris est l’une de conférences les plus grandes et historiques autant pour la France que pour la planète entière.
Les négociateurs sont appelés à gommer les disparités entre les pays du Nord et du Sud qui ont toujours pesé sur les négociations. Un succès en décembre prochain à Paris ne fera qu’enrichir la vitrine de la CCNUC.
THIERRY PAUL KALONJI